À propos
Il a peint toute sa vie et sa vie n'est que peinture.
Après de longues années d'absence des cimaises, au seuil de la petite enfance de la vieillesse, il présente dix-huit ans d'un travail inédit. Pourtant, il aurait été facile de poursuivre sur ce qui faisait le succès et la reconnaissance d'une époque. Mais c'était au prix d'un "style" nourri d'un savoir faire, d'un système, d'une image, d'une marque de fabrique, d'un ressassement confortable. Ce que le public qualifiait de personnel, au fil du temps, ne serait devenu que répétition stérile et la mort prématurée de toute création.
Depuis 18 ans il est le conseiller artistique de la Galerie Odile Oms, poursuivant des recherches personnelles qu'il ne souhaitait pas révéler. Ce silence n'était pas un oubli.
C'était le temps des expérimentations et des recherches, des embellies et des impasses, porté par la citation de Willem de Kooning : "Je change pour rester moi même".
C'est en s'appuyant sur les poètes, Rimbaud et André du Bouchet, sur leur quête de l'être et de son unité par delà les apparences, qu'il a trouvé son chemin. Au plus prés de lui même, de sa sincérité, de son exigence, Christian Vila revient dans la lumière.
Les œuvres les plus récentes, la série intitulée "Nature", ouvrent un large champ, elles sont les prémices du travail qu'il poursuit désormais.
C'est d'abord de larges formes monochromes couvrant presque toute la surface de la toile, les parties non peintes respirent au rythme du plein et du vide, libérant la prégnance intense de ses blancs. La densité de cette première phase minimaliste pourrait se suffire à elle même, sa présence "tient". Mais sa culture baroque n'a pu résister au désir d'inscrire à l'intérieur ou comme devant-derrière, les traces impératives de ses pulsions originelles.
Ces gestes fulgurants instinctifs sont le fruit de la collecte de longues promenades sur nature où il note sur des carnets des signes bruts ou des fragments figuratifs qui ne cherchent pas à faire paysage.
Ce que l'image perd en lisibilité ; celle du "point de vue", de l'entendement convenu du "motif" ; elle le gagne en expérience intime. Cette chair spirituelle est redistribuée suivant un nouvel ordre spatio-temporel. Elle laisse advenir la peinture et son imprévisibilité.
Céret - Juillet 2016